exposition Ernest Pignon-Ernest

vendredi 9 novembre 2018 par CILBA

Les photos des œuvres du «Parcours Mahmoud Darwich», exposées en 2013 à Aix-en-Provence, nous sont prêtées gracieusement par ERNEST PIGNON-ERNEST.
Images : Ernest Pignon-Ernest et Lucia Cristina Estrada Mota

Elles seront exposées :

  • à la Médiathèque José Cabanis, 2ème étage à partir du jeudi 22 novembre,

mais aussi dans les divers lieux de la semaine poético-musicale :

  • à la librairie La Renaissance le mardi 20 novembre,
  • à la salle Sénéchal pour la Pause musicale du Jeudi,
  • à la Salle San Subra le vendredi 23 novembre,
  • à l’Espace des Diversités et de la Laïcité le lundi 26 novembre.



André Velter a présenté l'exposition ainsi :

Ramallah, Palestine – 2009
Il est des moments de l’Histoire, moments le plus souvent cruels, troublés, qui semblent sans issue, où un artiste rencontre et traduit tout un peuple, où sa parole invente les mots-tocsins qui ne cesseront de résonner, d’inspirer, de mobiliser, de tenir en alerte. Pour la Palestine, Mahmoud Darwich fut et demeure celui-là. Dès ses premiers écrits, l’auteur de La terre nous est étroite se trouva en quelque sorte marqué par le destin, avec ce que cela comporte d’élans, de ferveurs, de contraintes, et d’entraves aussi. Son défi fut de répondre en homme et en poète à cette malédiction des temps, sans y perdre sa voix. En cela, il fut unique, irremplaçable. À la fois héros populaire et amant solitaire : comme né d’une même blessure dans deux registres du chant.

Ernest Pignon-Ernest connaissait Mahmoud Darwich et entretenait avec lui des liens d’amitié. Il l’avait déjà portraituré avant de le recevoir dans son atelier d’Ivry en octobre 2007. Rendez-vous avait été pris pour des retrouvailles à Ramallah quelques mois plus tard. La mort du poète en août 2008 changea brutalement le sens de la visite, mais Ernest Pignon-Ernest n’ajourna pas son voyage en Palestine. Très vite, il prit la décision de défier l’absence en usant comme toujours de la seule arme en son pouvoir : le dessin.

Imposer la présence de Darwich en des lieux symboliques, c’était non seulement relayer ses combats et son message, c’était également exorciser l’exil qui avait si longtemps envahi sa vie. Cet homme debout, calme, déterminé, surgissant de l’autre côté du destin, affirmait simplement son droit à être là. Dans le jardin de Sakakini, près de son bureau ; au check point de Qalandia ; au coin d’une rue de Bethléem ; au cœur d’une maison détruite à Jérusalem ; contre le mur de béton qui isole la Cisjordanie ; ou encore sur une pierre de son village natal, en Galilée.

« Comme si j’étais joyeux, je suis revenu », dit un poème de Mahmoud Darwich. Sans préjuger de la joie, car elle se fait là-bas infiniment attendre, Ernest Pignon-Ernest a donné corps et figure à ce retour.